L’association Best Run, engagée dans la sensibilisation et la lutte contre la pollution plastique, tout comme Plastic Pickup, a récemment partagé des résultats issus de recherches menées par Margot, une doctorante passionnée par la problématique des déchets plastiques dans l’océan Indien. Son travail met en lumière une réalité préoccupante : l’existence d’une zone de concentration de déchets plastiques, communément appelée « continent de plastique ». Contrairement à son nom évocateur, il ne s’agit pas d’un véritable continent solide où l’on pourrait construire, mais bien d’une immense soupe de plastique, dense et envahissante.
Nous avons sympathisé avec cette association lors d’un déplacement sur l’ile de la réunion.
Une spécificité locale : les bouchons de bouteilles plastiques
Cette étude montre que la majorité des déchets plastiques dans cette zone provient des bouchons de bouteilles, un constat différent des autres océans. Cette spécificité est liée aux problématiques d’accès à l’eau potable dans les pays entourant l’océan Indien. Contrairement aux pays occidentaux où l’eau du robinet est souvent consommée directement, dans cette région, les bouteilles plastiques sont une nécessité quotidienne. Ce constat souligne un paradoxe : une solution au problème de l’eau devient une cause majeure de pollution.
Origines et impacts des déchets plastiques
Margot a également tenté de retracer l’origine géographique des plastiques retrouvés, révélant des flux transfrontaliers importants. Ces déchets transportent avec eux des pathogènes qui affectent gravement les écosystèmes marins. Les récifs coralliens, déjà fragilisés par le changement climatique, subissent de nouvelles pressions dues à ces organismes indésirables, qui menacent aussi la santé humaine en transportant des pathogènes inconnus dans certaines régions.
Les tortues marines comme bio-indicatrices
Un volet clé des recherches de Margot repose sur l’étude des tortues marines, en collaboration avec le centre Kélonia. Ces animaux, en ingérant les plastiques présents dans leur environnement, deviennent des indicateurs précieux de la pollution océanique. Les analyses menées sur leurs excréments et leur système digestif ont révélé que 100 % des tortues recueillies dans la région contiennent des plastiques dans leur estomac, avec une moyenne de 50 particules plastiques par individu. Ces particules incluent des macro plastiques visibles, mais aussi des micro et nanoparticules, invisibles à l’œil nu, qui s’intègrent dans la chaîne alimentaire et finissent par impacter les humains.
Des enjeux planétaires, des solutions locales
Les résultats de Margot montrent à quel point la pollution plastique est une problématique mondiale aux répercussions locales spécifiques. Les tortues marines, les récifs coralliens, et les écosystèmes de l’océan Indien sont des victimes directes de cette crise. Cependant, ces recherches offrent aussi des pistes d’action : en identifiant les sources principales de pollution et leurs impacts, il devient possible d’imaginer des solutions adaptées, comme la réduction de l’usage des bouteilles plastiques ou le développement d’alternatives durables.
Une étude aux résultats prometteurs
Le papier de recherche de Margot est en cours de publication, mais ses travaux suscitent déjà beaucoup d’intérêt. Ils démontrent l’importance de la recherche scientifique dans la compréhension et la lutte contre la pollution plastique, et mettent en lumière des spécificités régionales cruciales. Grâce à des initiatives comme celles de Best Run et à des travaux pionniers comme celui de Margot, l’océan Indien pourrait un jour être débarrassé de cette « soupe de plastique » destructrice.